Carta a Don Dinero.

Deseado Señor, Don Dinero:

Te gusta que te llamen así, ¿no?... Don Dinero. Yo de buena gana sabes que te llamaría mejor “Dinero” a secas, por no decir: guita, pasta o cochino parné… pero guardaré las formas por esta vez. A mí en cambio, me llaman siempre “La Pobreza”, como el que dice: la Mari, la Pepi o la Juani… y a nadie se le ocurre referirse a mí como “Doña Pobreza”. No obstante, en esta carta me vas a permitir que te tutee, de igual a igual; es el privilegio de estar en lados opuestos imposibles de coincidir. No tengo por qué rendirte pleitesía.

¿Sabías que el 80% de la población mundial vive conmigo? En la pobreza. Aunque en los últimos cincuenta años, el mundo ha progresado más que en toda la historia; es curioso, el abismo entre tú y yo se ha abierto más que nunca. Un 20% no es nada, no es nada y lo es todo, porque lo controlas todo desde las alturas. Mayorazgo de unos pocos, mientras los demás intentan sobrevivir más que vivir, haciendo duros esfuerzos por salvar ese abismo que nos separa.

Es muy relativo el concepto que se tiene de mí, mientras en un país desarrollado ser pobre por ejemplo es no poder comer ricos manjares, no tener un abrigo de pieles, o no poseer segunda vivienda de recreo; en un país subdesarrollado, la pobreza es mucho más primaria, se refiere a cosas tan elementales como no tener comida, ropa o techo; los tres principios básicos para subsistir.

En cambio, el concepto sobre ti, no es nada relativo: “O se tiene, o no se tiene”, como decía la abuela de Cervantes.

Se supone, Dinero, que contigo se consigue todo lo que se pueda desear en el mundo, sin embargo, se pone en duda una sola cosa, la famosa “Felicidad”. Yo sinceramente, no creo mucho en ella, pienso que sólo existe en flashes que te da la vida y normalmente te dejan cegado. Pero ya ves, tú con todo lo que supones, no eres capaz de dársela plenamente a quienes te poseen. Podías intentar derramarte un poco, desmenuzarte lo suficiente para dar esos fogonazos de felicidad a todos los demás, quizás eso haga algo más felices a tus dueños. Yo en ese utópico caso, me retiraría con gusto de escena. Tómalo como una idea, que soñar no cuesta nada.

Un deseo y un saludo de tu contraria, La Pobreza.

"Lo que puede el dinero". Paco Ibáñez en el Olimpia de París.

Dedicada con agradecimiento a mi amigo Jean-Michel, de Brive la Gaillarde (France).

Très cher Monsieur l’Argent,

Tu aimes qu’on t’appelle ainsi, non ?...Monsieur l’Argent . Si ça ne tenait qu’à moi, tu sais que je t’appellerais plutôt « argent », tout court, pour ne pas dire : pèze , flouze, ou tunes…mais je garderai les formes pour cette fois-ci. Moi, par contre, on m’appelle toujours « la Pauvreté » , comme on dirait « la Marie », « la Françoise » ou « la Jeanne » et personne n’aurait l’idée de parler de moi en disant « Madame la Pauvreté ». Cependant, dans cette lettre, tu vas me permettre de te tutoyer, d’égal à égal. C’est le privilège d’être à ton opposé. Je n’ai pas à faire preuve de politesse avec toi.

Tu sais que 80% de la population mondiale vit avec moi ? Dans la pauvreté. Malgré le fait que dans les derniers cinquante ans, le monde a plus progressé que dans toute l’histoire ; c’est curieux, l’abîme entre toi et moi s’est creusé plus que jamais. 20%, ce n’est rien…ce n’est rien et c’est tout , parce que tu contrôles tout depuis les hautes sphères. Apanage de quelques uns, alors que les autres essaient de survivre plus que de vivre, en faisant de durs efforts pour sauver cet abîme qui nous sépare.

Il est très relatif, le concept qu’on a de moi ; alors que dans un pays développé, être pauvre, par exemple, c’est ne pas manger des mets recherchés, ne pas avoir un manteau de fourrure, ou ne pas posséder de résidence secondaire, dans un pays sous-développé, la pauvreté est beaucoup plus primaire, elle fait référence à des choses aussi élémentaires que ne pas avoir de nourriture, de vêtements ou de toit, les trois principes de base pour subsister.

Par contre, le concept qu’on a de toi n’est pas du tout relatif : « Ou on en a ou on n’en a pas », comme disait la grand-mère de Cervantes.

On suppose, Argent, qu’avec toi on peut obtenir tout ce qu’on peut souhaiter au monde, cependant, on met en doute une seule chose : le fameux « Bonheur ». Moi, sincèrement, je ne crois pas beaucoup en lui, je pense qu’il ne se manifeste que par « flashes » que te donne la vie et qui t’aveuglent. Mais tu vois bien, toi, avec tout ce que tu supposes, tu n’es pas capable de le donner pleinement à ceux qui te possèdent. Tu pourrais essayer de t’éparpiller un peu, de t’émietter pour donner ces petits éclairs de bonheur à tous les autres, peut-être cela rendrait-il tes propriétaires plus heureux. Moi, dans ce cas utopique, je me retirerais de la scène avec plaisir. Prends cette idée en compte, on peut toujours rêver.

Salutations respectueuses de ton « opposée », la Pauvreté.